Il était une fois, un Cyrios enfermé chez lui. Quoi que ce genre de début version Conte de fée ne colle pas. Je dois avouer que passer plusieurs jours seul dans une maison, ce n’est pas vraiment sympa. Surtout qu’on nous y sommes obligés à cause du mauvais temps. Une seule raison de sortir : les cours. Mis à part, qui viendrait jouer alors qu’il pleut ? Peut-être que les deux ou trois premiers jours, les enfants pouvaient jouer. Mais à force, ils s’en lassent et les parents ont peur des maladies. C’est donc devenu « tout le monde chez soi », et ce durant toute cette semaine car oui, je parle de cette semaine depuis le début.
Mais là, c’est un Dimanche. Je m’attends encore à ce que la météo annonce la même chose durant la semaine qui suit. Ben quoi, je n’aime pas espérer. Ne me dîtes pas qu’après avoir passé toute une semaine sous la pluie, vous n’auriez pas perdu espoir ? Si ? Non ?
Quoi que j’ai parlé un peu trop vite. Depuis ce matin je suis assis sur le canapé à observer la télé éteinte quand soudainement les rideaux s’illuminent. Ce ne sont pas des rideaux-ampoules, voyons : ce sont des rayons de soleil ! Enfin ! Jamais je ne me serais vu heureux de voir du soleil.
Mais au début, j’en doutais un peu. Puisque mes rideaux étaient fermés, je ne voyais pas ce qui générait autant de lumière avant que je ne les ouvre et que je vois du soleil. Je ne l’ai jamais vu aussi beau. Et il faut que j’en profite un max au cas où le mauvais temps pluvieux ne revienne.
Comme je me suis déjà douché ce matin, ainsi qu’habillé, il m’a suffi de prendre mon écharpe. Il est vrai qu’il fait beau, mais mon style vestimentaire consiste à être… couvert. Et puis, depuis quand je m’en soucie ?
J’ai donc mis un pull, un pantalon, une veste et des Basket, avec mon écharpe, le tout dans les nuances noires et grises. Puis, je traverse la porte et… WAH. Mes yeux. Pauvres de mes yeux. Mais ça ne fait pas chier, vu le soleil qu’il y a après une rude et longue semaine.
Erm… où aller, et que faire ? Au parc pour un bain de soleil ? Ah ben, c’est une pas mal idée.J’ai donc pris la direction du parc. Enfin, il y a plusieurs chemins pour y parvenir, et j’en ai pris un au hasard, sans vraiment y réfléchir. Il y a eu une petite fille qui a paru crier, mais je ne sais pas trop quoi faire pour la retrouver. Donc je marche encore, jusqu’à maintenant, tout en songeant à ce qui pourrait chambouler cette journée.
Il peut y avoir une pluie soudaine, une averse de crêpe à la confiture, une baston me tombant dessus et venant de nulle part ou… une petite fille qui pleure. Eh mais, c’est vrai ça. Il y a bien une fille qui semble pleurer. On aurait dit la même intonation de la voix qui a crié plus tôt. Hein ? JE SUIS PASSE A COTE !?Quand j’ai entendu la voix crier, j’ai voulu me diriger vers elle afin de voir ce qui n’allait pas. Malheureusement, le lieu d’où elle venait m’était inconnu et les sons ne m’auraient pas guidé. On est en plein air avec un doux vent agréable : il faudrait une bonne ouïe pour suivre un son qui vient d’assez loin. « Assez loin ? » Mais amis, je marche depuis une bonne dizaine de minutes. Bref.
En réalisant que je venais de passer à côté, je me suis mis à courir en rebroussant chemin. Ces reniflements viennent cette fois de mon dos et se trouvent assez proches pour que je puisse les entendre.
C’est vraiment une fille qui pleure, ma foi…. Qu’a-t-elle en cette si « belle » journée ?Je prends le premier tournant à ma gauche et aperçoit une fille –adolescente dirais-je- à la poursuite d’un ruban qui a failli me heurter. J’ai eu comme réflexe de stopper ma course à temps, ce qui m’a évité une jolie roulade par terre.
En focalisant plus mon attention sur les pleurs, j’ai fini par m’avancer un peu. Voilà que mon regard tombe soudainement sur une petite fille qui pleure. J’avais donc vu juste. La pauvre est par terre, le visage sali et une chaussure manquante. Ses petites joues trompées par ses larmes sont rosées. Ses yeux… me donnent un pincement au cœur. Elle a l’air vraiment triste.
A part, ses yeux sont de deux couleurs différentes et… voilà qui est rare. Bref. Je n’ai pas le droit de parler de ça. Une petite fille pleure et je suis debout devant elle. Que faire ?
Je n’ai même pas eu le temps de réagir : la même adolescente est revenue. Elle est passe devant moi pour finir en face de la petite afin de lui donner un ruban. C’était donc ça ? Elle pleurait car elle avait perdu son ruban ? Après tout, ça a son côté mignon. Et ça reste… une petite fille.
Je m’approche de quelques pas et ajuste mon écharpe tout en regardant la scène. Au début, j’ai préféré rester silencieux. Mais bon. J’ai de suite lancé ces mots d’un air presque imperturbable avec un petit air doux sans le faire exprès :
« Arrête de pleurer. Ton ruban est là, et il y a du soleil. Va en profiter ? »
Je cache ma bouche derrière mon écharpe et m’apprête à partir. Maintenant que j’y pense : je ne sais même pas quoi faire.